Sur les pas du Général de Gaulle

Mis à jour le 25/01/2024

A la veille de la Libération de la France, les relations entre le Comité Français de Libération Nationale (C.F.L.N.) et les gouvernements de Londres et Washington sont extrêmement tendues. En effet, elles ne cessent de se détériorer depuis la fin de l’année 1943, depuis que les Américains ont décidé d’appliquer à la France, le régime de l’A.M.G.O.T. (Allied Military Government for Occupied Territories).

Or, l’A.M.G.O.T. est une organisation de gestion civile, composée d’officiers britanniques et américains chargés d’administrer les pays ennemis conquis par les Alliés.
De plus, la mise en place de cette administration serait accompagnée de la diffusion d’une monnaie imprimée aux Etats Unis.

Pour le général de Gaulle, ce projet est inacceptable, car il est une atteinte à la souveraineté nationale française.

Le 4 juin 1944, après avoir reçu un message de Churchill lui demandant de venir en Angleterre le plus rapidement possible, le chef de la France Libre, arrivé
d'Alger dans la matinée, se rend au quartier général du 1er ministre britannique.

Celui-ci lui annonce avec enthousiasme l’imminence du débarquement. Mais dès qu’il aborde la question de l’A.M.G.O.T., la discussion s’anime entre les deux hommes. Dans l’après-midi, ils ont rendez-vous avec le commandant en chef allié. Eisenhower explique à de Gaulle les grandes lignes de son plan.

Puis, il lui présente le communiqué qu’il a préparé à l’intention des Français. Dans cette déclaration, il leur demande " d’obéir " aux états majors alliés et ne fait aucune allusion au gouvernement de la France Libre. De Gaulle, furieux, prend alors congé de ses interlocuteurs.

Après quatre ans d'exil, le Général va poser le pied sur le sol français.

Le 6 juin, de Gaulle refuse de s’adresser aux Français après l’intervention d’Eisenhower, afin de ne pas cautionner des propos qu’il désapprouve. Il attend l’après-midi pour prendre la parole sur les ondes de la B.B.C., et inciter la Résistance et les Français au combat : "La bataille suprême est engagée.
Bien entendu, c’est la Bataille de France et c’est la bataille de la France ! …Pour les fils de France, où qu’ils soient, quels qu’ils soient, le devoir simple et sacré est de combattre l’ennemi par tous les moyens dont ils disposent. Les consignes données par le gouvernement français et par les chefs français qu’il a qualifiés pour le faire doivent être exactement suivies. Derrière le nuage si lourd de notre sang et de nos larmes, voici que reparaît le soleil de notre grandeur ! "

A près de longues et difficiles démarches, le Général obtient finalement l’autorisation de se rendre sur la tête de pont le 14 juin. Pour lui, ce voyage est capital.
Il marquera bien sûr son retour dans la métropole après quatre années d’exil. Mais, il doit surtout lui permettre de contrecarrer les plans alliés en imposant une administration civile française issue de la Résistance et du C.F.L.N. Mais quel sera l’accueil
des Normands écrasés par les bombes depuis une semaine ?

Pour préparer sa venue, de Gaulle dispose sur le terrain de l’aide de Maurice Schumann. En effet, leporte-parole de la France Libre, débarqué comme correspondant de
guerre le matin du 6 juin sur la plage d’Asnelles1 dans le secteur Gold, est en fait chargé, au nom du Général, de prendre contact avec la Résistance normande du Bessin et en particulier avec Louis André et Guillaume Mercader.

De Gaulle rencontre Montgomery au château de Creullet.

Pour son retour en France, le Général a choisi de voyager sur La Combattante, un contre-torpilleur des Forces Navales Françaises Libres commandé par le capitaine
de corvette Patou. Il embarque à Portsmouth, dans la matinée du 14 juin, avec une douzaine de ses collaborateurs dont la plupart ont reçu des affectations administratives pour la région où se déroulent les opérations.

Parmi eux se trouvent deux normands, le général Pierre Marie Koenig, commandant en chef
des Forces Françaises de l’Intérieur et Claude Hettier de Boislambert, responsable de la M.M.L.A. (Mission Militaire de Liaison Administrative) ; est présent également François Coulet, diplomate de carrière, nommé la veille, commissaire de la République dans les territoires libérés.

Il est environ 13h00 lorsque le Général et ses amis vont pour la première fois, depuis quatre ans, fouler la terre de France quelque part entre Courseulles et Graye. Hettier de Boislambert a sauté du chaland amphibie avant le Général et il immortalise l’instant sur sa pellicule.
Sur la plage, ils sont accueillis par le major écossais Sanderson, envoyé par Montgomery pour conduire le général jusqu’à Creullet et Bayeux.

A la demande du Général de Gaulle, François Coulet, commissaire de la République pour le territoire normand libéré, et le colonel de Chévigné, chargé des subdivisions militaires, partent vers Bayeux pour y prendre leurs fonctions. Ils sont accompagnés d’Hettier de Boislambert, du contre amiral d’Argenlieu et de Gaston Palewski, le directeur de cabinet du général. Ces derniers doivent préparer la visite du chef de la France Libre dans la première ville française libérée.

Pendant ce temps, le Général, lui, part pour le château de Creullet, à Creully, où l’attend Montgomery. Le commandant en chef des troupes terrestres engagées en Normandie l’accueille dans la roulotte où il travaille et lui présente les derniers détails des opérations militaires. En le quittant, de Gaulle lui annonce qu’il laisse derrière lui des conseillers chargés de représenter l’autorité française sur place et d’administrer les services publics.

Dans les rues de Bayeux, le général entouré de la population.

Au même moment, à Bayeux, tout est prêt. Prévenu de la venue du Général par Hettier de Boislambert, Guillaume Mercader, chef de la Résistance du Bessin, a rapidement pris ses dispositions. La population a été prévenue et une estrade a été dressée à la hâte sur la place du château.
Quand, vers 15h30, la jeep munie de fanions tricolores et conduite par le major Sanderson, entre dans Bayeux, François Coulet et le conseil municipal de la ville sont là pour accueillir le général de Gaulle. Ensemble, ils prennent à pied le chemin de la sous-préfecture. Dans les rues pavoisées aux couleurs nationales, la foule se presse pour découvrir la silhouette d’un homme dont elle connaît la voix, mais dont elle ignore le visage.

Cette foule, qui acclame le Général, grossit spontanément au fur et à mesure que le cortège s’approche de la place du château (place qui porte aujourd’hui le nom du Général).

Découvrez la plaquette d'information historique qui retrace brièvement la visite.

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