Exposition - La Résistance dans le Bessin, de Gaulle en Normandie, Bayeux, première sous-préfecture libérée

Mis à jour le 12/09/2023

Le 4 juin 1944, après avoir reçu un message de Churchill lui demandant de venir en Angleterre le plus rapidement possible, le chef de la France Libre, arrivé d’Alger dans la matinée, se rend au quartier général du 1er ministre britannique. Celui ci lui annonce avec enthousiasme l’imminence du débarquement.

Mais dès qu’il aborde la question de l’A.M.G.O.T. (Allied Military Government for Occupied Territories organisation de gestion civile chargée d’administrer les pays ennemis conquis
par les Alliés), la discussion s’anime entre les deux hommes.

Dans l’après-midi, ils ont rendez-vous avec le commandant en chef allié. Eisenhower explique à de Gaulle les grandes lignes de son plan. Puis, il lui présente le communiqué qu’il a préparé à l’attention des Français. Dans cette déclaration, il leur demande « d’obéir » aux états majors alliés et ne fait aucune allusion au gouvernement de la France Libre.

De Gaulle, furieux, prend alors congé de ses interlocuteurs. Le 6 juin, de Gaulle refuse de s’adresser aux Français après l’intervention d’Eisenhower, afin de ne pas cautionner des propos qu’il désapprouve. Il attend l’après-midi pour prendre la parole sur les ondes de la BBC, et inciter la Résistance et les Français au combat.

Après de longues et difficiles démarches, le Général obtient finalement l’autorisation de se rendre sur la tête de pont le 14 juin. Pour lui, ce voyage est capital. Il marquera bien sûr son retour dans la métropole après quatre années d’exil. Mais, il doit surtout lui permettre de contrecarrer les plans alliés en imposant une administration civile française issue de la Résistance et du C.F.L.N. Mais quel sera l’accueil des Normands écrasés par les bombes depuis une semaine ?

RÉSISTANCE ET FORCES FRANÇAISES DE L'INTÉRIEUR

Dans les semaines qui précèdent le Débarquement, la Résistance s’unifie au sein des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) créées par le Comité français de libération nationale.

LE RETOUR DU GÉNÉRAL DE GAULLE EN FRANCE MÉTROPOLITAINE

14 juin 1944, le contre-torpilleur La Combattante, des Forces navales françaises libres, approche des côtes normandes. De Gaulle est à son bord, accompagné d’une douzaine de ses plus proches collaborateurs. Pour le Général, cette visite dans la tête de pont normande est d’une importance capitale pour imposer sur place l’autorité de son Gouvernement provisoire de la République française.

BAYEUX, PREMIÈRE SOUS-PRÉFECTURE DE LA FRANCE LIBRE

La visite du général de Gaulle qui avant de regagner l’Angleterre, laissa derrière lui ses représentants dans la tête de pont, fit de Bayeux, plusieurs mois durant, la véritable capitale de la
France libérée.

Raymond Triboulet, premier sous-préfet de la France Libre

Licencié en droit, licencié ès lettres et journaliste, Raymond Triboulet choisit de devenir agriculteur en 1928 et s’installe pour cela en Normandie.
Il exerce cette activité jusqu’en 1944. Lieutenant de réserve, il est mobilisé en 1939 et prend part aux combats de 1940.

Fait prisonnier, il est interné en Allemagne, avant d’être libéré en février 1941 pour raisons de santé. Rentré en France, il reprend son travail sur son exploitation agricole de Sainte-Croix-Grand-Tonne, non loin de Bayeux, mais se déplace assez fréquemment à Sèvres, près de Paris, où se trouve sa maison de famille.

C’est là qu’il renoue des relations avec son ancien condisciple du lycée Janson de Sailly, Jacques Lecompte-Boinet, qui vient de fonder le mouvement de Ceux de la Résistance. Blessé dans son patriotisme par la défaite, Raymond Triboulet accepte avec enthousiasme de se joindre à lui. Il est alors mis en contact avec les membres du mouvement dans le Calvados, tels que Pierre Comby et Emmanuel Robineau.

Au début de l’année 1944, Triboulet rencontre à Caen le commissaire de la République déjà désigné par Londres pour administrer la Normandie après sa libération. Bourdeau de Fontenay, alias «Graveron», lui-même membre de CDLR, lui demande de représenter leur mouvement au sein du Comité départemental de la libération du Calvados.

Constitué en fait depuis 1943, celui-ci a été démantelé par l’arrestation d’une grande partie de ses membres en décembre lors de la rafle contre l’OCM-CDLR. Il convient donc de le reconstituer. Triboulet participe ainsi à quelques réunions au printemps 1944. Peu de temps après le Débarquement, il se rend à Bayeux pour se présenter à François Coulet, installé comme représentant du gouvernement provisoire dans les territoires libérés par le général de Gaulle lors de sa visite du 14 juin.
Comme Triboulet se trouve être le seul membre du Comité de libération présent dans la tête de pont, il est immédiatement désigné comme le sous-préfet de l’arrondissement de Bayeux. Il occupera cette fonction jusqu’en mai 1946, avant de partir pour l’Allemagne rejoindre les autorités d’Occupation.

Candidat gaulliste, Raymond Triboulet est élu député du Calvados aux élections législatives de novembre 1946. Il entame ainsi une longue carrière politique sous la IVe et la Ve République, qui fera notamment de lui un ministre des Anciens Combattants puis de la Coopération.