Denys Boudard et Jean Hébert : les ailes de l'évasion

Mis à jour le 25/01/2024
Denys Boudard et Jean Hébert : les ailes de l'évasion

1936, Denys BOUDARD et Jean HÉBERT ont 19 ans et ils apprennent à piloter. Lorsque la guerre éclate en septembre 1939, ils s’engagent pour la durée des hostilités et préparent leur brevet militaire à Bernay et Evreux.

Tous deux refusent l’armistice. Après un aller retour en Afrique du Nord, ils rejoignent la Normandie. Denys BOUDART apercevant des appareils ennemis sur un aérodrome, a l’idée d’en voler un pour gagner l’Angleterre.

Le hasard les oriente vers Caen-Carpiquet. Ils arrivent à pénétrer sur la base par un chemin non surveillé et repèrent un biplan allemand Bucker-Jugman.

Ils tentent « la belle » le 29 avril 1941. Il pleut. Ils se glissent dans le hangar, équipés de combinaisons teintées en noir, couleur des tenues des mécaniciens allemands. Au moment de faire démarrer le moteur, des officiers allemands passent devant le hangar.

Les 2 amis ouvrent le capot et plongent leurs mains dans le moteur. Les allemands passent leur chemin. Puis 2 ouvriers français s’arrêtent devant la porte du hangar.

Lorsque enfin la voie est libre, les Allemands reviennent. Disciplinés ils s’arrêtent et laisse passer l’avion qui roule devant eux avant de décoller.

Jean HEBERT conduit l’avion en rase-mottes au dessus de la gare SNCF et bat des ailes, signe convenu avec un ami, inspecteur de la SNCF. Celui-ci enverra les lettres rédigées par les 2 amis pour leurs familles. Elles arriveront à destination. Après une heure de vol, ils arrivent sur la côte anglaise, survolant la rue principale de Bournemouth, et déclanchant la sirène d’alerte.

Peu après 2 chasseurs patrouillent au dessus d’eux, mais n’aperçoivent pas le petit biplan recouvert d’une peinture de camouflage. Denys BOUDARD et Jean HÉBERT cherchent un terrain et pose leur avion par surprise à Christchurch où ils le rangent devant un hangar. Entourés de soldat anglais, ils déclarent « we are French ! ».

Après plusieurs heures d’interrogatoire, ils gagnent Londres et sont présentés à Winston CHURCHILL, Mrs CHURCHILL servant d’interprète.

Un autre jour, ils sont présentés à de GAULLE. La RAF manque de pilotes et conduit les jeunes français à Camberley où ils vont parfaire leur formation et apprendre l’anglais. Ils seront affectés au Tactical Air Force.

En 1943 Jean HEBERT ne rentre pas d’une mission en mer du Nord. Profondément affecté Denys BOUDARD donne à son Spitfire le nom de « Sergent-chef Jean HEBERT ». Il sera le premier à poser son avion sur le terrain de Caen-Carpiquet conquis par les troupes canadiennes. Seul l’armistice met fin à ses patrouilles qu’il mène sans relâche.


Dès son jeune âge le jeune Boudard d’une famille de militaires s’intéresse à l’aviation et apprend à piloter avec la Société d’Aviation Populaire sur le champ d’aviation de Cormelles-le-Royal dans la banlieue Sud de Caen. Il y rencontre son ami de tous les jours Jean Hébert, également pilote. Après des épreuves réussies passées aux Ecoles de Bernay et d’Evreux, il reçoit le brevet de pilote militaire en 1939 et est dès lors affecté à la base d’Etampes. Après une affectation en Afrique du Nord, il revient à Caen avec l’idée de rejoindre l’Angleterre pour continuer le combat.

Le 29 avril 1941 accompagné par son ami Jean Hébert, tous deux en suivant un sentier pénètrent sur l’aérodrome de Carpiquet près de Caen occupé par les Allemands. Forts de leur cent cinquante heures de vol et usant de leur audace ils dérobent un biplan allemand, alors déguisés en mécaniciens allemands et emmènent l’avion à croix gammée en Angleterre avec pour seule carte un almanach des PTT. Ils atterrissent à Christchurch près de Bournemouth et déclarent aux Anglais surpris et avec enthousiasme « we are french men ».

Denys Boudard est alors engagé dans les Forces Aériennes Françaises Libres et après une formation de pilote de chasse sur un Spitfire baptisé Sgt Jean Hébert, du nom de son ami, il accomplit des missions en France à Ouistreham, Bayeux, Caen, Isigny, Le Havre et principalement en Normandie. Il est alors le premier Français à se poser sur l’aérodrome de Carpiquet, à peine libéré par les Canadiens en juillet 1944.

A la libération il participe activement au développement de l’aéro-club de Caen, pilotant encore son avion à l’âge de 73 ans en 1994 ! Denys Boudard milite aussi activement pour le développement de l’aéroport de Caen-Carpiquet et contribue à la formation de nombreux pilotes.


Monsieur Jean Hébert est né en mars 1920 dans le quartier Pierre Heuzé à Caen. Il est issu d’un milieu modeste avec un père s’étant très engagé lors de la Première Guerre mondiale.

Durant sa jeunesse, Jean Hébert se forme à l’école des hauts fourneaux de Colombelles. En 1935-1936, il y intègre l’usine sidérurgique.

Passionné d’aviation, Jean Hébert entre au centre de formation de pilote d’Évreux en 1939. C’est durant sa formation de pilote qu’il rencontre Denys Boudard qui deviendra son plus fidèle ami. Après la débâcle, les deux jeunes hommes sont dirigés vers la base d’Étampes.

Cependant, avec l’avancée allemande, ils sont contraints de fuir au sud. C’est à Bergerac qu’il apprend la nouvelle de l’armistice qu’il ressent comme une profonde humiliation. Il est pour lui inimaginable de vivre sous l’occupation.

Il décide donc de s’engager en partant en Algérie, mais après huit mois Jean Hébert se sent impuissant et exprime sa volonté de rentrer clandestinement en Normandie pour in fine rejoindre les forces de la Résistance extérieures regroupées en Angleterre autour du Général de Gaulle.

Jean Hébert et son ami Denys Boudard obtiennent leur permission pour la zone libre en mars 1941.

Quelques semaines après leur retour, ils décident de se servir de le leurs talents de pilote en tendant un piège aux Allemands. Ils pénètrent sur la base de Carpiquet sur laquelle se trouve plus de 380 avions allemands. Ils achètent des combinaisons de travail et se font passer pour des Allemands.

Le 29 avril, ils volent un avion et prennent la direction de l’Angleterre. Après cet exploit Jean Hébert s’engage dans les Forces Françaises Libres, mais en pleine bataille d’Angleterre il est incorporé dans les forces de la Royal Air Force. Malheureusement, Jean Hébert décède dans un accident en 1943, l’armée anglaise ayant abattu son avion par erreur.

Son fidèle ami Denys Boudard pleura longtemps la perte de cet homme que l’on disait courageux, travailleur, honnête et doté d’un grand sang-froid.