1er bataillon de Fusiliers Marins Commandos

Mis à jour le 20/03/2024

Après l’invasion de la France par l’Allemagne en juin 1940, quelques Français refusant la défaite, décident de rejoindre l’Angleterre afin de pouvoir continuer la lutte.
Les volontaires du 1er B.F.M.C., seule unité française à débarquer sur les côtes bas-normandes le 6 juin 1944, font partie de ces hommes qui n’ont pas accepté l’humiliation et l’asservissement de leur patrie. Membres des Forces Navales Françaises Libres, ils ont pris une part active à la libération de la France.

Leurs actions et celles de l’ensemble des Français Libres ont permis à la France de retrouver ses valeurs et son rang notamment en figurant dans le camp des vainqueurs lors de la signature de la victoire.

La création du 1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos (1er B.F.M.C.)

La création tout d’abord d’une compagnie de commandos français libres qui devient quelques semaines avant le débarquement le 1er B.F.M.C. est due à Philippe Kieffer. En effet, à force d’obstination, il obtient en janvier 1942 l’autorisation de pouvoir former cette compagnie qui ne compte alors qu’une vingtaine de volontaires.
En mars de la même année, à l’issue d’un stage de formation au camp des Royal Marine d’Eastney, la compagnie prend officiellement le nom de Compagnie de fusiliers marins français et demande à être incorporée à une unité britannique.

Les hommes de la compagnie effectuent en avril et mai 1942 un stage de six semaines de formation pour devenir commando.

Les commandos à l’entraînement.

Cette formation a lieu au camp d’Achnacarry en Ecosse. Elle doit permettre de tester les capacités physiques et l’opiniâtreté des futurs commandos.
Ce stage a notamment pour vocation de «faire le tri» au sein des hommes de la compagnie afin de ne garder que les plus aptes à constituer un corps d’élite.

Camp d'Achnacarry (Ecosse)
1 - Rassemblement troop par troop;
2 - Tombes fictives à l’entrée du camp rappelant aux recrues que le moindre faux pas peut leur être fatal, des élèves commandos ont réellement trouvé la mort au cours de leur formation.

En juillet 1942, les hommes de Philippe Kieffer sont rattachés au 10e commando interallié. La compagnie comptant toujours moins de 80 hommes, celle-ci ne peut constituer une troupe et prétendre partir en mission. En revanche, 15 de ses hommes sont choisis pour participer à l’opération Jubilee sur Dieppe le 19 août 1942.

Ils sont répartis au sein des différents commandos prenant part à l’opération. Au cours de cet épisode malheureux, la compagnie perd le second maître Montailler qui ne survit pas à ses blessures et le quartier-maître César fait prisonnier.

La compagnie continue son entraînement, mais les commandos s’impatientent devant le manque de missions qui leur sont confiées. Ce n’est qu’au cours de l’hiver 1943 que les commandos français sont sollicités pour participer à des raids de sondage. Ces raids ont pour but de faire des repérages et des prélèvements auprès du système de défense allemand.

Entre le 24 décembre 1943 et le 28 février 1944, les Français effectuent cinq raids menés à terme, certains étant abandonnés en cours en raison de mauvaises conditions météorologiques. Ces cinq raids sont accomplis sur les côtes françaises et hollandaises : à Gravelines, sur les îles anglo-normandes de Jersey et Sark, à Quinéville (département de la Manche) et à Wassenaar (Hollande). Les raids sur Gravelines et Wassenaar sont des échecs.

Le bataillon perd deux équipes soit 12 hommes auxquels il faut ajouter les deux commandos ayant sauté sur une mine au cours de l’opération sur l’île de Sark.

En fait, cinq des six hommes portés disparus lors du raid de Gravelines ne seront pas arrêtés et réussiront à se camoufler auprès de leur famille ou de leurs amis. Cependant, à la fin de l’hiver, ces raids ont occasionné pour la compagnie, la perte de 12 hommes dont celle de Charles Trepel, commandant en second de cette unité.

En mars 1944, l’arrivée de nouveaux volontaires permet la création du bataillon de fusiliers marins commandos (B.F.M.C.) toujours commandé par Philippe Kieffer. Quelques semaines avant le Débarquement allié sur les côtes bas-normandes, ce 1er bataillon est rattaché au N° 4 Commando du lieutenant-colonel Dawson appartenant lui-même à la 1st Special Service Brigade aux ordres de Lord Lovat.

A la veille du débarquement, ce bataillon est composé de deux troupes, d’une section d’appui feu ou «K-Guns» de 24 commandos et d’une section de commandement de 14 Français et 6 Britanniques dont une antenne médicale de 5 commandos (le médecin Lion, 3 infirmiers et l’abbé de Naurois). La troupe 1 comptant 69 commandos est commandée par Guy Vourc’h, la troupe 8 de 71 commandos a à sa tête Alexandre Lofi.

Les commandos prennent connaissance de leur objectif le 26 mai au camp de Titchfield où ils sont arrivés la veille.

Leur débarquement se fera sur «Queen Red» dans le secteur Sword. Dans un premier temps, ils devront prendre à revers les points forts allemands de Riva-Bella à l’embouchure de l’Orne et libérer Ouistreham en prenant l’écluse du canal intacte.Dans un second temps, ils rejoindront les hommes de la 6e Airborne aux ponts sur le canal et l’Orne.
Les noms des lieux ne leur sont pas dévoilés avant le 6 juin au matin, mais des Normands du bataillon les ont reconnus.

Le Jour J

Le 5 juin, les commandos quittent la Grande-Bretagne à l’embouchure de l’Hamble pour rejoindre «Piccadilly Circus», le fameux point de ralliement de l’armada alliée. La troupe n° 1 a pris place à bord du LCI 527 et la troupe n° 8 à bord du LCI 523. Les sections de commandement et «K-Guns» sont quant à elles réparties sur chacun des deux LCI.

Les barges arrivent face à la Brèche, le 6 juin au matin, vers 7 h 25.
Le lieutenant-colonel Dawson laisse aux hommes du 1er B.F.M.C. la primeur de toucher le sol français. Les commandos traversent la grève le plus rapidement possible et se rassemblent sur le site d’une ancienne colonie de vacances où ils déposent leur pesant sac à dos.

Après cette première étape, une trentaine d’entre eux, tués ou blessés, manquent déjà à l’appel, dont nombre d’officiers.
Cependant, le plus dur reste encore à faire. Les commandos doivent désormais neutraliser les batteries et points forts des Allemands en les prenant à revers.

Les commandos pénètrent alors dans les rues de Riva-Bella.

Des tireurs d’élite allemands camouflés dans les villas leur causent de nombreuses pertes.
A hauteur de la petite gare, chaque troupe se dirige vers son objectif respectif, laissant les Britanniques se rendre vers l’écluse.
La prise du casino ne se fait pas sans difficulté, les tirs de l’arme antichars «Piat» des commandos ne viennent pas à bout des canons du bunker.

Philippe Kieffer, ayant appris par radio le débarquement de chars «Centaure», revient rapidement avec l’un d’entre eux.

Les tirs du char neutralisent les canons de la batterie, permettant ainsi aux hommes du commandant de donner l’assaut.

Après avoir nettoyé Ouistreham, le 1er B.F.M.C. regagne la colonie de vacances, lieu de rassemblement avec le reste du N° 4 Commando.

1- Char "D.-D." au carrefour de l'avenue Général Leclerc et de l'avenue Foch ;
2- Progression de la section "K-Gun".

Vers 12 h 40, les commandos récupèrent leur sac à dos et se dirigent vers leur deuxième objectif de la journée : le ralliement avec les parachutistes de la 6e Airborne, sur les ponts du canal et de l’Orne.

Le N° 4 Commando prend alors la direction de Colleville-sur-Orne, traverse Saint-Aubin-d’Arquenay et atteint Bénouville vers 16h, non sans avoir subi, là encore, les tirs de «snipers» allemands. Une fois passé sur la rive droite de l’Orne, le 1er B.F.M.C. s’établit, au soir du 6 juin, au Plain sur la commune d’Amfréville.

Avec les différents commandos composant la 1st brigade et les hommes de la 6e Airborne, le 1er B.F.M.C. doit tenir sa position afin de protéger les flancs de la zone de débarquement et empêcher une contre-offensive allemande.

Au soir de cette longue journée, le bataillon déplore la perte de 10 commandos tués et 36 blessés. Débute désormais pour lui, la bataille de Normandie.

Découvrez la plaquette d'information historique :

Découvrez les lieux du souvenir dédiés exclusivement au commando :